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FFF - Stéphanie FRAPPART : Un parcours de rêve qui ne doit rien à personne...

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Publié le 04/10/2020 - Désignée pour diriger "l'Olimpico" entre Lyon et Marseille en Ligue 1 dimanche soir (21h00), Stéphanie Frappart revisite les grandes étapes de son ascension jusqu’aux sommets mondiaux...





"À jamais les premiers", disent les Marseillais, en référence à la Ligue des Champions conquise par leur OM en 1993, la première Coupe d’Europe remportée par un club français. "À jamais la première », pourrait se vanter Stéphanie Frappart. Mais ce n’est pas le genre de la première arbitre féminine à avoir dirigé des garçons sur un match de Ligue 1 ou une finale de Supercoupe de l’UEFA. L’ancienne numéro 10 de l’AS Herblay, qui débute sa deuxième saison pleine au sein de l’élite masculine du football français, revient sur les grandes étapes de sa carrière, de ses débuts balle au pied dans la cour de récréation à la finale de la Supercoupe europénne. Un parcours de rêve qui ne doit rien au hasard.


1989 / Ses premiers pas, balle au pied

"La cour de l’école primaire, à Pierrelaye. L’aire de jeu était peut-être un peu plus grande qu’un terrain de handball. Je n’étais pas la seule fille.  On jouait à chaque récréation. Le niveau était suffisamment homogène pour que nous ne soyons pas mises de côté par les garçons. Je devais avoir 6-7 ans. L’âge où tout le monde démarre le foot. La mixité est peut-être alors plus naturelle. Je me suis vite tournée vers les sports collectifs, le foot plutôt que le rugby qui m’intéressait, aussi. J’ai signé ma première licence à l’âge de 10 ans, dans l’équipe féminine de l’AS Herblay. J’évoluais comme numéro 10. À Herblay l’équipe première évoluait en National 1B, l’équivalent de la Deuxième Division à l’époque. Au départ, j’ai joué pour le plaisir de jouer au ballon et de retrouver les copines. Avec le temps, j’ai pris goût à la compétition. J’ai été sélectionnée dans les équipes régionales de jeunes, j’ai participé à une coupe nationale et j’ai fini par faire un ou deux matches avec l’équipe première d’Herblay."


1996 / Ses premiers coups de sifflets

"Je me suis d’abord tournée vers mon district, à l’âge de 13 ans, pour apprendre les règles du jeu. Mon optique au départ, ce n’était pas forcément de devenir arbitre. D’ailleurs, ce n’est qu’après avoir abordé les aspects théoriques que j’ai commencé à arbitrer des matches U8 et U9 dans mon club. Quelque part, j’ai passé le code avant la conduite. J’ai ensuite exercé la fonction de façon plus officielle en dirigeant des rencontres à 11 le dimanche, tout en continuant à jouer le samedi. C’est lorsque je suis rentré à la Fac de Sports que j’ai été amenée à faire un choix. Ça faisait un peu beaucoup. J’étais devenue Jeune Arbitre de la Fédération et j’ai estimé que j’avais plus de chances d’évoluer dans l’arbitrage que dans le foot féminin, qui était alors beaucoup moins développé qu’aujourd’hui. À 19 ans, j’ai été désignée sur des rencontres de Division d’Honneur et cela a fait un peu de bruit. À ce niveau-là, les gens n’avaient pas l’habitude de voir une femme au sifflet."

21 mai 2011 : première finale pour Stéphanie Frappart, aux commandes de la finale du Challenge de France féminin (désormais Coupe de France féminine) entre le Montpellier HSC et l’AS Saint-Étienne.(Photo FFF)

2003 / Son premier article dans les journaux

"Dans Le Parisien, quand j’ai commencé à diriger des matches en Division d’Honneur. La femme qui arbitre des hommes, cela a longtemps été le fil conducteur des médias avec moi. Ce ne l’est plus depuis quelques mois. Même auprès de mes collègues, je ne suis plus vue comme la femme arbitre. Je suis membre d’un groupe, comme chacun d’entre eux. Et c’est tant mieux. Je préfère être jugée sur mes compétences d’arbitre qu’être perçue comme une femme. Je ne cherche pas à être l’attraction sur le terrain. J’ai une compétence à mettre au service du jeu et des joueurs. C’est mon leitmotiv. Longtemps, à chaque désignation, j’ai fait les gros titres. La plus belle des reconnaissances, c’est de m’être fondue dans le panorama de l’arbitrage de Ligue 1. J’en accepte les bons et les mauvais côtés, les louanges mais aussi les critiques."


2006 / Son premier stage à Clairefontaine

"À l’époque, nous nous retrouvions début juillet avec l’ensemble des arbitres fédéraux. Nous étions une quinzaine de femmes et nous côtoyions des arbitres que l’on voyait à la télévision. Nous étions intimidées. Nous arrivions dans le monde des grands. Nous avons toujours été très bien accueillies. Je n’ai jamais cherché à copier l’un d’eux, pour la bonne et simple raison que l’on ne peut pas copier quelqu’un. On peut s’inspirer d’une attitude dans une situation donnée. Mais chacun a sa personnalité. Je base tout sur la mienne. Je n’ai et ne demande aucun passe-droit. Sur le plan physique, j’ai une VMA à 21 et un seuil lactique à 16. C’est aussi une de mes forces. Le jeu va vite en Ligue 1, les joueurs peuvent être roublards et pour décortiquer une situation, mieux vaut ne pas être trop loin. La proximité de l’action crédibilise la décision aux yeux des joueurs. Je passe les mêmes tests que les garçons à l’UEFA. Concrètement, on doit par exemple enchaîner une série de six courses de quarante mètres en moins de six secondes chacune. Sur le plan de l’endurance, on effectue une navette de deux fois vingt mètres à une moyenne de 18 km/h, soit des pics à plus de 20 km/h. Cela implique au quotidien de faire attention à l’alimentation, au sommeil. Musculation, prévention des blessures, vitesse, endurance… Il n’y a pas une journée où je ne m’entraîne pas. Mes séances sont très variées, j’aime ça."


Pas d’arbitrage de haut niveau sans un travail athlétique de tous les jours pour Stéphanie Frappart, ici lors d’un stage de la DTA au CNF Clairefontaine. (Photo FFF)


2014 / Son premier match en Ligue 2, Niort-Brest

"Cette désignation a fait du bruit. Nelly Viennot, Ghislaine Labbé et Corinne Lagrange avaient déjà officié comme assistante mais on n’avait jamais vu de femme au centre. J’ai ressenti de la fierté, évidemment, mais pas trop d’appréhension. Ce n’était pas mon premier match non plus même si les gens pensaient que j’étais arrivée avec seulement quelques matches d’arbitrage en guise d’expérience. En fait, j’arbitrais depuis dix-sept ans. Ce premier match s’est bien passé. J’ai pu poursuivre ma carrière à ce niveau tranquillement."


2015 / Sa première Coupe du monde

"Je ne m’attendais pas à participer à cette Coupe du monde 2015, au Canada. Il y a quatre catégories d’arbitres à l’UEFA. Pour passer de la catégorie 3 à la catégorie Élite, il faut passer par la 2 et la 1. Et ce n’est qu’une fois parmi l’Élite, qui regroupe une petite vingtaine d’arbitres, que l’on peut espérer participer à un tournoi de cette envergure. J’ai été promu en Élite en janvier 2015. En fait, j’ai eu la chance de participer à un stage au Portugal en amont de l’Algarve Cup, une compétition qui permet à la FIFA de tester les arbitres. Je suis restée trois semaines, j’ai arbitré un match. J’ai été au bon endroit au bon moment.  Normalement, on commence par une Coupe du monde des U17 ou des U20. Moi, j’ai commencé par celle des seniors."


2016 / Ses premiers Jeux olympiques

"Nous sommes à Rio, au Brésil, le pays du foot. J’aime aussi d’autres disciplines sportives. Je n’ai qu’un regret, ne pas avoir participé à la cérémonie d’ouverture car le tournoi de football commençait avant et j’avais été désigné comme quatrième arbitre sur un match. Mais j’ai pu voir le marathon, du volley et le sacre de Teddy Riner. Ce sont des moments forts dans une carrière."


Toujours plus haut pour Stéphanie Frappart, désignée par la FIFA pour officier lors de la finale de la Coupe du monde féminine, États-Unis-Pays-Bas le 7 juillet 2019 à Lyon.(Photo Philippe Desmazes/AFP)


2019 / Son premier match de Ligue 1, Amiens Strasbourg

"J’avais un peu le poids de l’histoire sur les épaules. J’étais attendue, pas seulement à titre personnel. Si je m’étais ratée, peut-être que la porte se serait refermée pour d’autres arbitres femmes. J’étais attendue mais je n’étais pas stressée. Je connaissais Amiens et Strasbourg, que j’avais croisée en National et en Ligue 2. Ces deux équipes montaient, moi aussi. Les joueurs, les coaches et les dirigeants n’étaient pas surpris de me voir. Le plus compliqué à gérer, c’est l’aspect médiatique, l’environnement plutôt que le match en lui-même. Je ne rentre jamais sur le terrain avec la peur de mal faire, je sais que l’erreur fait partie du jeu et le VAR est là pour nous aider quand on se trompe. En revanche, le déferlement médiatique, de la convocation au lendemain du match, on ne maîtrise pas. Heureusement, le service communication de la FFF et Pascal Garibian, le Directeur technique de l’arbitrage, présent à mes côtés pour m’épauler, avaient anticipé ce contexte et m’ont aidé à y faire face. Depuis, tout s’est calmé. Et je pense que certaines situations sont peut-être plus faciles à gérer quand on est une femme que lorsqu’on est un homme. Les joueurs restent des compétiteurs. La frustration est là quand une décision ne leur convient pas. Mais une barrière naturelle s’installe. Dans les mots, la virulence des attaques, verbales ou physiques, ce n’est pas pareil. En tout cas, je n’y ai jamais été confrontée. Chacun sa personnalité, chacun ses points forts. La corpulence physique n’est pas un atout sur lequel je peux m’appuyer pour asseoir mon autorité. J’ai trouvé mon équilibre en misant sur la carte de la sérénité, de la justesse. Maintenant, je ne crains pas une échauffourée. Pas du tout. J’ai déjà été confrontée à ce type de situations à d’autres niveaux. Savoir les gérer fait partie du bagage de n’importe quel arbitre."


Promue en Ligue 1 par le Comité exécutif de la FFF, Stéphanie Frappart entre dans l’histoire de l’arbitrage français en dirigeant la rencontre Amiens-Strasbourg, le 28 avril 2019. (Photo François Lo Presti/AFP)


2019 / Sa finale de Supercoupe de l’UEFA, Chelsea-Liverpool

"Quand on participe à une Coupe du monde par exemple, la possibilité de diriger la finale existe. C’est ce qui m’est arrivé quelques semaines plus tôt quand j’ai eu l’honneur d’arbitrer à Lyon la finale entre les États-Unis et les Pays-Bas. Je ne m’attendais absolument pas à me voir confier la direction de la Supercoupe d’Europe. Ce Chelsea-Liverpool est sorti de nulle part pour moi. Je ne pouvais ni en rêver ni l’attendre. Il y avait de la pression. Mon expérience en Ligue 1 et de la finale de la Coupe du monde m’a permis de relativiser. C’était impressionnant évidemment, avec la conférence de presse avant le match, des médias en nombre la veille du match pour l’entraînement. Je me savais attendue, je me suis dit que l’expérience acquise allait me servir. Et puis, j’étais bien entourée par mes deux assistantes mais aussi par Clément Turpin, à l’assistance vidéo. Avec Clément, nous entretenons des relations amicales. C’est quelqu’un de très accessible, toujours très à l’écoute. Il considérait que ce match était le mien, il m’a apporté son aide, sa bienveillance. Il connaît la pression de ces matches-là."


Stéphanie Frappart en action lors de la finale de la Supercoupe de l’UEFA 2019 entre Chelsea et Liverpool. L’acte 3 d’une année 2019 exceptionnelle pour la Française. (Photo Ozan Kose/AFP)


STÉPHANIE FRAPPART EN BREF

- Née le 14 décembre 1983 au Plessis-Bouchard (Val-d’Oise)

- Taille : 1,64 m

- Poids : 52 kg

- Profession : Coordinatrice des activités à la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT)

- Ligue : Paris Île-de-France

- Catégorie : Élite

- Évolution de carrière : District (1996-1999), Ligue (1999-2007), Fédéral 5 (2008-2009), Fédéral 4 (2009-2010), Fédéral 3 (2011-2014), Fédéral 2 (2014-2019), Fédéral 1 (depuis le 1er juillet 2019)


Distinctions

- Trophée UNFP de la meilleure arbitre féminine 2014

- Arbitre de la finale de la Coupe du monde U20 féminine 2018 (24-08-2018, Espagne/Japon)

- Meilleure arbitre de la Coupe du monde féminine 2019, arbitre de la finale (07-07-2019, États-Unis/Pays-Bas)

- Meilleure arbitre féminine au monde IFFHS 2019

- Première femme arbitre central d'un match international en compétition officielle masculine (06-09-2020, Malte/Lettonie, Ligue des Nations)

- Première femme arbitre central d’une finale de Supercoupe de l’UEFA (14-08-2019, Chelsea/Liverpool)

- Première femme arbitre central d'un match de Ligue 1 (Amiens/Strasbourg, 28-04-2019)

- Première femme arbitre central d'un match de Ligue 2 (Niort/Brest, 08-08-2014)


Source : FFF


























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