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UNAF AURA - DISTRICT LYON & DU RHÔNE : Adieu Luc... Bienvenue Lucie...

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Publié le 26/08/2020 - Courant juillet dernier, je suis contacté par Luc EISINGER. Arbitre et Unafiste rencontré lors du Congrès d'Évian, j'étais loin de me douter du sujet de conversation que nous allions aborder au téléphone. Luc me parle de sa santé, de sa peur de mourir et des changements irréversibles ressentis sur son physique et sa santé journalière.




Je l'écoute au bord des larmes, et je lui demande de m'écrire un petit article pour clarifier la situation vis à vis de tous et toutes. Hier, j'ai reçu le courrier de Luc... Le voici en exclusivité sur votre Blog :

Bonjour à tous, je suis une femme arbitre de football de 53 ans. Le foot a toujours été une passion pour moi et plus particulièrement le monde de l’arbitrage.
Quand j’étais enfant, je partageais cette passion avec une autre, celle de la danse.
Deux mondes que tout oppose. L’une figure de virilité qui a représenté pendant très longtemps un monde purement masculin (heureusement, les choses changent pour un monde meilleur) et l’autre, figure de douceur, de beauté qui représente pour beaucoup une image de la féminité.
Une ambiguïté qui prend tout son sens aujourd’hui.

Depuis le mois de novembre 2019 ma vie à basculé.


Je vais donc vous parler de ce qu’il m’arrive et des répercutions importantes que cela a sur ma personne, sur ma vie et sur ma passion sportive.

Il y a quelques mois, j’ai commencé à avoir des soucis de santé, des douleurs au niveau de mes parties génitales. Dans un premier temps je n’y ai pas porté grande importance. Je ne l’ai pas montré, et j’ai continué à vivre normalement.

Mais voilà, ces douleurs se sont accentuées et j’ai été consulter mon médecin.

Mon médecin m’a envoyé faire divers examens que je n’ai pas pu mener à bien dans un premier temps car certains ont été reportés à cause du confinement. Mais les examens sanguins et autre ont pu être fait et ont donnés leur verdict.
Je n’avais pas de cancer, ni d’infection, ce qui m’a rassuré. Mais ces résultats ont apporté d’autres interrogations. Mon corps m’envoie des messages que je ne comprends pas.
Des examens complémentaires ont donc été demandé et les résultats ont été troublants et surprenants.

Mes testicules sont en quelque sorte morts et ne produisent plus de testostérones.
Ce qui provoque un total déséquilibre hormonal. Mais ça n’a pas été la seule surprise dans ce domaine hormonal car en plus de ne plus avoir de testostérones, mon corps produit un taux relativement élevé d’œstrogènes.
Cette découverte a interrogé mon médecin qui m’a envoyé faire d’autre test. 
Au retour des résultats, ma doctoresse m’a demandé ce que je connaissais sur les chromosomes.
Comme la grande majorité des personnes, j’ai une connaissance basique de ce domaine et mon savoir s’arrête à XX tu se une fille et XY tu es un garçon. C’est ce qu’on appelle la paire de chromosome sexuel.
Mais j’apprends, comme pour la trisomie, qu’il existe des variantes sexuelles. Il y a 6 chaines chromosomiques (X ; XX ; XY ; XXY ; XYY ; XXXY).
Donc il n’existerait pas que des filles et des garçons sur cette terre ? je savais qu’il y avait aussi des hermaphrodites de naissance et que les parents décident lequel est retiré (et s’ils se trompent, sur l’identité de genre de leur enfant ?) mais ceci est un autre débat. 
Pour mon cas on m’informe que je suis XXY qui représente une particularité sexuelle.
Je suis totalement abasourdie, paniquée…
Que m’arrive-t-il ? Vais-je mourir ?
Non, ma vie n’est pas en danger directement. 
Je demande ce qu’il y a à faire et mon médecin m’informe que j’ai deux options,

J’ai dû faire le choix entre deux possibilités.


La première : faire des injections de testostérones massives pour essayer de garder un certain équilibre hormonal. Mais ce n’est pas anodin comme traitement.
Ces hormones sont surtout utilisées par des bodybuildeurs et ont des conséquences graves sur la santé pouvant me conduire à un décès prématuré.

Deuxième solution : Ne rien faire. Mais les conséquences ne vont plus du tout être les mêmes. Sans testostérones et avec un niveau d’œstrogène élevé, je vais avoir des taux hormonaux d’une femme et je vais devoir en ressentir les effets. On m’a expliqué que mon corps va changer, qu’il va se féminiser. 
Mon médecin, me propose donc de réfléchir et me demande de me rapprocher d’un psychiatre pour en parler car ce n’est pas une décision facile et que ma vie risque d’être bouleversée de façon irréversible.

Au fond de moi, le choix est très vite fait : JE VEUX VIVRE !!!


Pour moi commence une réflexion face à moi-même car cette révélation m’interroge et à la fois m’apporte certaines réponses sur ma vie et mon passé.
Je dois choisir entre devenir femme ou rester homme avec un gros risque de mourir prématurément. La première question que je me suis posée a été de savoir pourquoi maintenant ? Pourquoi ça n’a pas eu lieu avant quand j’étais encore enfant ?
J’espérais au fond de moi trouver les réponses avec ce psychiatre.
Je fais partie plus exactement de ce qu’on appelle les personnes intersexuées ou plus communément appelé avant les hermaphrodites. Je suis féminin dans plusieurs sens, ADN chromosomes… J’ai une grande partie de moi qui est génétiquement féminine et malgré tout je suis né avec une apparence masculine. Le proverbe « il ne faut pas se fier aux apparence » prends tout son sens avec moi.
A travers ce début de psychanalyse, je me replonge dans mon enfance et je constate que depuis l’enfance que j’ai en moi cette ambiguïté, mais que de gros blocages psychologiques familiaux ont fait que j’ai toujours combattu celle qui était en moi et fait remonter des grandes blessures qui m’ont littéralement mise à mal.
J’ai pensé à me suicider mais j’y ai renoncé en me disant que je loupais peut-être des moments de bonheur.
J’ai souvent pleuré au début, je pensais que ma vie était détruite, 
Puis j’ai dû faire le deuil de qui j’étais avant pour m’accepter et commencer à me reconstruire une nouvelle vie.
J’ai donc commencé à me faire doucement à cette identité de femme en m’habillant et me maquillant au début chez moi puis vint le jour où il a fallu affronter le monde extérieur.
Nouvelle phase de panique car je me demandais comment les gens me regarderaient dans la rue. À ma grande joie mon changement physique a été tellement rapide que les gens ne me remarquaient pas mon aspect était totalement féminin. Le Covid m’a aidé en quelque sorte car il m’a fourni le temps nécessaire du confinement pour avancer dans ma transition
J’ai plusieurs fois été au bord des larmes, des larmes de joie cette fois ci. Je n’ai jamais eu ces émotions lorsque je faisais du shopping en homme.
Depuis je vis totalement ma vie de femme.
Bien sûr, il est arrivé le moment où s’est posé la question de ce que j‘allais faire de cette nouvelle vie et de ma passion pour l’arbitrage. Cette question m’a hanté pendant des jours et j’en ai parlé avec mon psy qui m’a dit que ma passion pouvait coexister avec ma nouvelle identité, que j’étais devenue assez forte pour affronter le regard des autres.
J’ai donc pris la décision d’en informer le district de football et je leur ai émis mon souhait de poursuivre ma passion. J’ai été heureuse quand j’ai vu que ma commission de l’arbitrage ne s’y opposait pas. Mais je me suis confrontée à un problème vis à vis de mon identité qui elle est encore administrativement masculine. Après une réunion avec mon président des arbitres et des autres membres du bureau, nous avons décidé comme un accord que je reprendrais ma fonction dès que la mairie aura validé mon changement d’identité et qu’à la suite de ce changement j’allais refaire une nouvelle licence avec mon nom de femme pour que les clubs ne soient pas surpris par une grosse différence entre le nom désigné pour arbitrer et la personne qui se présente sur le terrain et ainsi minimiser les risques de comportements irrespectueux envers moi.

J’ai été particulièrement touchée par la bienveillance du district à mon égard pour que cette inclusion se passe le mieux possible et que ma sécurité soit possible, car je sais par expérience que le monde du football est loin d’être le monde des Bisounours et qu’il y aura toujours des personnes mauvaises qui vont m’attaquer. J’espère simplement que les gens seront compréhensifs et qu’ils ne me jugeront pas même si je sais que cet espoir est utopique, mais j’ai fois en ce monde du sport et en l’être humain.
Je suis aussi très heureuse de l’UNAF dont je faisais partie du bureau et qui m’accepte telle que je suis pour les élections du prochain bureau, cela prouve une fois de plus que dans le monde arbitrale règne la solidarité, le soutient et la tolérance.

Je tiens à préciser pour les personnes qui font des amalgames trop facilement que la Trans-identité n’a absolument aucun rapport avec une orientation sexuelle quelle qu’elle soit. Je ne suis ni homosexuelle et ni gay, ni lesbienne. Je vous dirais qu’à ce jour je ne le sais pas moi-même et que ce n’est pas l’important. Pour le moment ce qui compte pour moi c’est de vivre cette nouvelle vie d’être heureuse et de continuer à partager ma passion. Sur le terrain je serais toujours l’arbitre que j’ai été, cela ne changera pas.

Lucie Eisinger



Nota : Merci à Lucie pour sa confiance et son courage. Au-delà des amalgames et des critiques ambiantes, la CDA du District de Lyon et du Rhône a accepté que Lucie continue à officier cette saison, elle qui a choisi d'officier à la touche en féminine... elle recevra officiellement ses nouveaux papiers d'identité sous 45 jours minimum.... 

ADIEU LUC... BIENVENUE LUCIE !!


Eric WIROTIUS - ARBITREZ-VOUS







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