Publié le 18/10/2018 - Ruddy Buquet et Clément Turpin, deux des meilleurs arbitres français, dressent un premier bilan enthousiaste, après deux mois et demi d’utilisation de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) en Ligue 1.
Baisse de 20 % des contestations, adhésion populaire… À l’occasion des journées de l’arbitrage, le football français se félicite des premiers enseignements tirés de l’instauration de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR), cet été. Clément Turpin et Ruddy Buquet, deux des arbitres phares du Championnat de France, réunis sur une péniche parisienne, ont accepté d’évoquer les changements concrets impliqués par l’entrée en vigueur de cette révolution.
Avez-vous l’impression d’avoir changé de métier ?
RUDDY BUQUET. Non, on n’a pas changé de métier, on prend toujours des décisions sur l’instant, comme on le faisait avant. On a intégré le fait qu’une intervention extérieure puisse s’opérer sur les cas prévus.
CLÉMENT TURPIN. C’est simplement un nouvel outil, pour rendre notre travail encore plus juste, meilleur. C’est comme une équipe qui passe d’un système de 4-4-2 à 4-5-1. Parfois on arbitre à 4, simplement, parfois à 6 avec les additionnels, parfois à 6 avec la vidéo. Je retiens que la vidéo reçoit un écho positif de la part de l’environnement et des acteurs. Elle sera mise en place en Ligue des champions la saison prochaine. C’est le sens de l’histoire.
Que ressentez-vous lorsque vous vous dirigez vers l’écran d’assistance vidéo ?
C.T. Il se passe quelque chose chez les spectateurs. Ça fait partie des émotions que peuvent susciter les rencontres, ça ajoute un petit suspense.
Quelles sont les plus grandes difficultés ?
C.T. La nouveauté ou la difficulté a été de s’habituer à l’environnement d’un box, avec une multitude d’écrans, lorsqu’on est assistant vidéo. C’est un vrai défi, car l’autre volet, sur le terrain, s’est fait très naturellement.
Sur la pelouse, vous sentez-vous parfois dépossédés de votre fonction ?
R.B. C’est sûr qu’humainement c’est difficile de revenir sur une décision, mais on apprécie de pouvoir le faire. Mais on n’est pas vexé, ça se fait naturellement.
C.T. On nous a souvent dit que nous, les arbitres, on refusait d’admettre nos erreurs. C’est une hérésie, on le faisait déjà avant, a posteriori. L’intérêt est d’amener de la justice sur le terrain. On n’est pas des machines. A l’instar des coachs et des joueurs, on peut se tromper.
Racontez-nous les échanges qu’on ne voit pas sur le terrain…
C.T. Toutes les situations qui se déroulent dans une surface de réparation sont contrôlées par les arbitres vidéo. Il y en a beaucoup. S’il y a besoin d’intervenir, on communique. Mais ça peut aussi être positif. Du type : « C’est très bien, on a revu, continue ». Ça permet à l’arbitre de faire passer un petit message aux joueurs qui éventuellement se posaient la question.
R.B. S’il y a un joueur qui est au sol, on peut demander : « Jette un œil, je n’ai pas toute l’info». Ça peut être l’arbitre qui déclenche la procédure ou le VAR qui se rend compte que quelque chose s’est passé.
C.T. Les situations sur lesquelles on demande vérification entrent dans le cadre des quatre portes d’entrée (NDLR : pénalty, but, carton rouge, erreur d’identité). Sur les autres situations, il n’y a pas de communication, parce que le protocole ne le permet pas.
Lorsque vous êtes assistant, avez-vous l’impression de tirer les ficelles ?
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