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SAFE - LIGUE 1 - Sébastien DESIAGE : Il faut libérer la parole des hommes au sifflet...

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Publié le 02/03/2018 - Sébastien Desiage, qui officie en ligues pro françaises, appelle à «libérer la parole» des hommes au sifflet, à l’heure où les pressions tous azimuts se font très insistantes.


«Un jeu de déstabilisation permanente des arbitres s’est mis en place»

Depuis la reprise du championnat de Ligue 1 en août, chaque sortie de week-end ou presque leur appartient : on ne parle pas de Neymar, Radamel Falcao et consorts mais bien des arbitres de L1, systématiquement critiqués par les acteurs (présidents de club et entraîneurs en tête), conscients de leur impact médiatique. Celui-ci est asymétrique : un arbitre, lui, n’a pas le droit de s’exprimer sans autorisation de sa tutelle. C’est donc en tant que président du Syndicat des arbitres de football d’élite (SAFE) que Sébastien Desiage, arbitre de L1, s’exprime ici. Il est le premier de sa corporation à prendre la parole dans un média cette saison.

Plus une semaine sans que les arbitres soient sous le feu croisé des critiques. Comment le vivent-ils ?
Très mal. On en prend plein la tête semaine après semaine, l’un parle d’arbitre «irresponsable» [Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, actionnaire majoritaire de Bordeaux, ndlr], l’autre d’une «escroquerie arbitrale» [René Ruello, ex-président du Stade rennais]… C’était déjà compliqué la saison passée. Mais le niveau d’agressivité et de défiance est bien supérieur aujourd’hui. Un jeu de déstabilisation permanente des arbitres s’est mis en place.

Lequel ?
Communiquer sur l’arbitrage lors de la conférence d’avant-match, pour se retrouver dans la presse le jour de la rencontre : on évoque une accumulation de décisions arbitrales passées jugées préjudiciables au club. La plupart du temps, c’est l’entraîneur qui s’y colle. Classique. Ancestral, même. Les arbitres sont de vrais professionnels, aussi bons qu’avant. Mais ils évoluent désormais dans un football qui utilise tous les arguments de préparation d’un match (avant la rencontre) ou de justification d’un résultat (après). Il est de plus en plus utilisé comme une variable d’ajustement des résultats ou un écran de fumée qui masquera la crise interne. Quel club ou quel entraîneur accepterait que ses joueurs soient mis en cause avant un match, ou raillés après ? Pour les arbitres, c’est devenu la norme.

Existe-t-il des méthodes 2.0 ?
Oui, se répondre de président [de club] à président [de club] sur les réseaux sociaux sur l’arbitrage, ce qui est un moyen de mettre l’arbitre en scène. Lui ne peut rien dire : pour lâcher trois mots dans la presse, un arbitre, indépendant sur le plan statutaire, a besoin de l’aval de la Direction technique de l’arbitrage. Libérons la parole : on valorisera la fonction.

Vous parlez de pression, mais un arbitre est formé pour y résister…

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